Les moyens de transport restent un domaine pour lequel les Français ont toujours manifesté une grande passion ; le chemin de fer en est une des plus importantes illustrations. Parler du chemin de fer en Haute-Saône est à la fois un exercice facile et périlleux. Facile, car les sources de documentation sont multiples et les témoignages d'anciens cheminots très complets. Mais aussi périlleux, car au fil des réalisations de lignes, les intérêts des uns se sont opposés aux intérêts des autres, chacun étant persuadé que ses arguments étaient les bons, sinon les meilleurs. Aussi, avons-nous cherché à reproduire le plus fidèlement possible ces opinions divergentes. C'est en 1829 que les premières références à la construction de voies ferrées sont évoquées par le conseil municipal de Gray. Cette petite ville sera, pendant un siècle et demi, au coeur du développement ferroviaire en Haute-Saône, connue des spécialistes comme l'« étoile de Gray », mais aussi comme le dernier bastion de la vapeur et aujourd'hui de l'entretien et de la remise en forme des locomotives d'un autre âge et qui sont la fierté de leurs propriétaires. Après des débuts laborieux, le chemin de fer a progressivement tissé sa toile dans le département. Toutes les villes, centres industriels et de nombreux villages seront reliés entre eux et aux autres régions françaises. C'est une époque très favorable, la Haute-Saône étant alors le premier département franc-comtois. Très sollicité pendant la première guerre mondiale, du fait de sa proximité du front, le réseau ferré de Haute-Saône connaît alors son apogée. La crise de 1929, les difficultés financières des compagnies et le développement de l'automobile vont amorcer le déclin. Déclin amplifié par les pertes et destructions de la seconde guerre mondiale et par une évolution défavorable des activités et de la population. Petit à petit, les lignes vont fermer les unes après les autres, d'abord pour les voyageurs, un peu plus tard pour les marchandises. De cette intense activité, il ne reste aujourd'hui plus qu'une seule artère, celle de Paris à Mulhouse. À travers cette histoire de 175 ans, ce livre veut redonner vie à un patrimoine largement disparu, mais aussi rendre hommage à tous ceux qui ont consacré leur vie au chemin de fer, dans les périodes de gloire comme aux moments les plus sombres, montrant dans toutes les circonstances leur dévouement au service de leurs concitoyens et de la France. Il reste un moyen de reconnaissance de ce patrimoine légué dont nous pouvons être fiers, du courage et de l'ingéniosité de ceux qui ont participé à la construction et au bon fonctionnement de toutes ces lignes. Alors, que le voyage commence !

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